"L'affaire de Road Hill House" de Kate Summerscale

Publié le par Du soleil sur la page


Editions Bourgeois, 2008, 432 pages

Présentation

Au lendemain d'une nuit pourtant bien calme, Saville Kent, cinq ans, disparaît. Sous le choc, les habitants de cette grande demeure du Wilthshire doivent faire face à deux évidences : l'enfant a été assassiné et le meurtrier est forcément l'un d'entre eux. Aussitôt, les rumeurs vont bon train. La presse, alors en plein essor, s'en fait un large écho. L'ensemble de la nation se passionne pour l'affaire. L'enquête piétine jusqu'à ce que Jack Whicher, célèbre détective de Scotland Yard, prenne les choses en main.

Mon avis

Si je devais faire un parallèle entre cette histoire et une autre, plus contemporaine, je citerais immédiatement l'affaire Grégory de 1983...des secrets de famille, des jalousies, une envie de vengeance, un enfant innocent qui paie, un début d' enquête mal mené, des éléments qui disparaissent malencontreusement, une population qui "parle" , une famille qui "se tait", des soupçons sur la famille, des journalistes qui interprètent...  

" Les nouveaux journalistes avaient beaucoup en commun avec les détectives: ils étaient tour à tour regardés comme des champions de la vérité et de sordides voyeurs. Sept cents titres paraissaient en Grande Bretagne en 1855; leur nombre se porta à onze cents en 1860."

Kate Summerscale a brillamment enquêté sur cette affaire pour nous offrir un roman digne d'un roman policier passionnant...s'il y a eu un coupable et une peine, le meurtre reste encore un mystère...le coupable était-il vraiment seul? ça paraît peu probable...a-t-il cherché à protéger quelqu'un d'autre?  possible...autant de portes ouvertes qui nous permettent de laisser vagabonder notre imagination, près de 150 ans plus tard...comme ont su le faire bon nombre de gens de l'époque...

Ce qui m'a intéressée dans ce roman, c'est toute l'étude faite sur la société victorienne, les difficultés à pénétrer le foyer bourgeois replié sur lui même, l'interprétation abusive des médecins accusant les femmes d'aliénation mentale ...ce qui n'est pas sans rappeler d'autres romans de l'époque , la naissance de la police d'investigation (dès 1843 )et l'origine sociale de ces premiers détectives , le décalage entre celle-ci et  cette affaire, la perception de la population sur ces hommes et tout particulièrement sur l'un des tout premiers et des "plus expérimentés" de son époque: l'inspecteur Jonathan Whicher , "le prince des détectives"...

Cette affaire inspira des écrivains tels que Wilkie Collins( "La pierre de lune"), Charles Dickens, Henry James ("Le tour d'écrou")...elle marqua un nouveau virage dans le roman policier.

Un livre fascinant!
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D
Bonjour, j'ai dit tout le bien que je pensais de ce récit très bien documenté et qui décrit une certaine Angleterre victorienne où on sent bien la notion de classe (billet du 03/07/08) Quel film cela pourrait faire! Petit bémol: le prix du livre. Vaut mieux attendre sa parution en poche.
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