"Victoire, les saveurs et les mots" de Maryse Condé

Publié le par Du soleil sur la page


Editions Gallimard Folio, 2008, 318 pages
Sorti chez Mercure de france, en 2006


Résumé

Victoire ne savait nommer ses plats et ne semblait pas s’en soucier. Elle était enfermée le plus clair de ses jours dans le temple de sa cuisine, petite case qui s’élevait à l’arrière de la maison, un peu en retrait de la case à eau. Sans parler, tête baissée, absorbée davant son potajé tel l’écrivain devant son ordinateur.

Elle ne laissait à personne le soin de hacher un cive ou de presser un citron comme si, en cuisine, aucune tâche n’était humble si on vise à la perfection du plat. Elle goûtait fréquemment, mais une fois la composition terminée, ne touchait pas.

Cuisinière au savoir-faire inoubliable, Victoire Elodie Quidal travaille au service d’Anne-Marie et Boniface Walberg, à La Pointe. Sa virtuosité et son excellence sont recherchées par la bonne société guadeloupéenne qui la réclame dans ses cuisines...


Victoire est née au XIXème siècle. L'esclavage est aboli. Sa mère meurt en la mettant au monde alors qu'elle n'a que 14 ans. Son père est inconnu, probablement un militaire blanc car " elle a la peau d'une blancheur australienne et les yeux pâles à la Rimbaud". Elle tranche avec le reste de la famille et de la population de Marie Galante, majoritairement noire. Elle sera toujours montrée du doigt. Qu'elle n' ait pas de père n'est pas chose surprenante. A cette époque, en posséder un, être reconnu par lui, partager ses jours ou simplement porter son nom est l'apanage de rares privilégiés.
Néanmoins, elle adoucira la vie de sa grand mère comme celle ci adoucit un peu sa vie...sans paroles. Elles n'ont pas la culture des mots.

Alors que les plus pauvres commencent à se préoccuper d'instruction, Victoire n'en reçoit pas et se trouve "placée" très jeune , d'abord à Marie Galante, puis en Guadeloupe.

C'est à travers son histoire que nous découvrons l'Histoire des Antilles, faite de douleurs, d'incompréhension,d'ambiguités et de haines ancestrales.

Grâce à ses dons culinaires, elle va offrir à sa fille unique, Jeanne, la meilleure éducation ...Jeanne qui aura bien du mal à comprendre et accepter ses choix....malgré sa grande culture des mots...mais encore faut-il qu'elle utilise les bons...


Je vous avais parlé de Jeanne, ici avec"Le coeur à rire et à pleurer"de Maryse Condé , Jeanne Quidal étant la propre mère de l'auteure...Victoire, sa grand mère maternelle.

En lisant ces deux livres, nous découvrons Maryse Condé.

Un témoignage plein de tendresse.
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