"Mes amis" d'Emmanuel Bove

Publié le par Du soleil sur la page


Ce fut son premier livre, écrit en 1924, il n'a que 23 ans...


Editions "Millefeuilles" Flammarion, 174 pages

C'est dans la même trempe que "Le pressentiment"...toujours cette écriture "vraie"...un homme, Victor Bâton, vit seul dans une petite chambre.

Présentation

Blessé à la guerre, subsistant tant bien que mal grâce à sa maigre pension, il mène une vie de traîne-misère à Montrouge. Pour tenter d'oublier son infortune, il quitte parfois sa chambre glacée et sa triste banlieue, pour errer dans un quartier riche de Paris, là où "les femmes parfument l'air derrière elles". Son désir d'aimer et d'être aimé n'est jamais qu'un désir...


...il va rencontrer plusieurs personnages pour tenter de s'en faire des amis...en vain!

C'est ce livre que remarquera Colette et qui lui apportera la reconnaissance...mais ça, je l'ai déjà dit!

Redécouverte d'un classique de la littérature française :

http://www.emmanuel-bove.net/

...et quelques passages qui valent mieux qu'une longue explication sur le style et le personnage "bovien"

"Le propriétaire m'a donné congé.
Il paraît que les locataires se sont plaints de ce que je ne travaillais pas....Et je payais mon loyer, oui, je le payais....Je ne chantais pas, je ne riais pas, par délicatesse, parce que je ne travaillais pas.

Un homme comme moi qui ne travaille pas, qui ne peut pas travailler, sera toujours détesté.
J'étais, dans cette maison d'ouvrier, le fou, qu'au fond, tous auraient voulu être. J'étais celui qui se privait de viande, de cinéma, de laine, pour être libre. J'étais celui qui, sans le vouloir, rappelait chaque jour aux gens leur condition misérable.
On ne m'a pas pardonné d'être libre et de ne point redouter la misère.
Le propriétaire m'a donné congé, légalement , sur papier timbré....

Dans quinze jours, je serais ailleurs, je n'aurai plus la clef de cette chambre où j'ai vécu trois années, où mes habits de soldat sont tombés, où, démobilisé, j'ai cru que j'allais être heureux.
Oui, dans quinze jours je vais partir. Alors, les voisins auront peut être du remords, car les changements touchent toujours, même les plus insensibles. Ils auront peut-être, une seconde seulement, la sensation d'avoir été méchants. Cela me suffira.
....
Je veux croire qu'un jour je serai heureux, qu'un jour quelqu'un m'aimera. Mais il y a déjà si longtemps que je compte sur l'avenir!
....
Ah! La solitude, quelle belle et triste chose! Qu'elle est belle quand nous la choisissons! Qu'elle est triste quand elle nous est imposée depuis des années!

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