"Vincere" de Marco Bellochio
Avec Giovanna Mezzogiorno, Filippo Timi, ....
Sorti le 25 NOvembre 2009.
Synopsis
Dans la vie de Mussolini, il y a un lourd secret que l'histoire officielle ne raconte pas : une femme, Ida Dalser, et un enfant, Benito Albino - conçu, reconnu puis désavoué. Ida rencontre Mussolini de manière fugace à Trente et en est éblouie. Elle le retrouve à Milan où il est un ardent militant socialiste qui harangue les foules et dirige le quotidien l'Avanti. Ida croit en lui, en ses idées. Pour l'aider à financer le Popolo d'Italia, point de départ du futur parti fasciste,elle vend tous ses biens... Lorsque la guerre éclate, Benito Mussolini s'engage et disparaît de la vie de la jeune maman, qui découvrira avec stupeur qu'il est déjà marié avec une autre femme. Ida n'aura dès lors de cesse de revendiquer sa qualité d'épouse légitime et de mère du fils aîné de Mussolini, mais sera systématiquement éloignée de force et son enfant mis dans un institut. Pourtant, elle ne se rendra jamais et ne cessera de revendiquer haut et fort sa vérité.
Cette histoire méconnue fait tout l'intérêt de ce film. Une histoire d'amour bafouée.
L'image de Camille Claudel m'a traversé l'esprit, celle d'une femme éperdument amoureuse qui donne tout ce qu'elle possède, que ce soit son talent comme sa fortune, et qui se rend compte que ce tout n'a aucune importance et juste servi un homme qu'aucune ombre ne doit traverser...la différence dans ce cas précis est que cette femme a un enfant avec cet homme et que c'est difficile d'effacer d'un seul coup deux êtres qui vous regardent comme le messie.
Pas pour Benito Mussolini, direz-vous, pas avec sa position...je dirais, pour aucun homme de cette époque(rappelons nous dernièrement le film "l'échange", l'affaire Christine Collins qui cherche désespéremment son fils et qui finit par gêner les autorités, rappelons nous "L'étrange disparition d'Esme Lennox" de Maggie O'Farell ou encore le film " The Magdalene Sisters" de Peter Mullan) Il était alors si facile d'enfermer une femme "gênante".
En parallèle du calvaire d'Ida Dalser et de son fils Benito Albino, Marco Bellochio introduit des films d'époque qui montrent o' combien cet homme était avide de pouvoir. Ida ne représentait rien dans son ascension sinon une époque révolue de son passé où sans elle, il n'aurait pu fonder son journal et ainsi imposer ses idées à tout un peuple. C'était remercier quelqu'un alors qu'il se sentait le Maïtre absolu... le Duce! Homme à femmes mais n'en épousant qu'une seule à qui il donnera cinq enfants, Ida Dalser aurait dû se contenter d'avoir un fils du Grand Homme et lui ficher la paix!
Mais une femme éperdument amoureuse peut se révéler pugnace lorsqu'elle est injustement repoussée!
J'aurais aimé trouver dans ce film l'intervention ( même imaginée par le cinéaste) de Mussolini quant à l'enfermement d'Ida...Il semble qu'à partir du moment où il se sépare d'elle, tout se passe par personne interposée...ce fut probablement le cas pour Ida mais pour nous, spectateurs, j'ai l'impression de voir deux vies en parallèle avec un grand point d'interrogation au milieu*...y'a-t-il eu mariage ou pas? Ida persiste à dire que oui...la réalité est qu'aucun document ne le prouve...quoiqu'il en soit, cette histoire est révoltante.
* Ma tante était infirmière dans un hôpital psychiatrique pendant et après la guerre, elle nous racontait que parmi ses patientes, l'une d'elles se disait Mme de Gaulle (comme dans le film lorque l'une des malades dit qu'elle est la femme de Napoléon!)...alors quand , au cours du film, la question se pose "a-t-elle un document confirmant le mariage", j'ai pensé à cette dame qui n'était pas Mme de Gaulle, bien évidemment mais voilà, le doute existe tant qu'aucun document n'atteste l'acte...Mussolini, Hitler, Staline et tous les dictateurs de ce monde, petits ou grands, publics ou dans la sphère privée, tous le savent bien!
Un film à voir!
Décidemment, Giovanna Mezzogiorno fait son chemin...je l'avais vu dans "L'amour au temps du choléra". Elle perce l'écran par sa beauté et son talent.