"Un homme" de Philip Roth

Publié le par Du soleil sur la page

Editions Gallimard/ Folio, 181 pages, 2009

 

 

Quatrième de couverture

 

Un homme. Un homme parmi d'autres. Le destin du personnage de Philip Roth est retracé depuis sa première confrontation avec la mort sur les plages de son enfance jusque dans son vieil âge, quand les maux physiques l'accablent. Entre-temps, publicitaire à succès, il aura connu épreuves familiales et satisfactions professionnelles. D'un premier mariage, il a eu deux fils qui le méprisent et, d'un second, une fille qui l'adore. Il est le frère d'un homme sympathique dont la santé lui inspire de l'amertume et l'ex-mari de trois femmes qu'il a entraînées dans des mariages chaotiques. En fin de compte, c'est un homme qui est devenu ce qu'il ne voulait pas être....

 

L'homme vient de mourir. Dans le cimetière délabré où reposent déjà ses parents et grands-parents, quelques personnes sont présentes: Randy et Lonny, ses deux fils -"du côté de leur mère" d'un premier mariage, Nancy, sa fille du deuxième mariage avec Phoebe, la mère de celle-ci, son frère aîné Howie, sa belle-soeur et d'anciens collègues de travail. Devant la tombe, Nancy et Howie se souviennent.

 

Nancy: "On a tant de mal à y croire. Je le revois toujours en train de nager dans la baie. (...) Mon père aimait ses parents, et sa place est à côté d'eux. Je ne voulais pas qu'il se retrouve tout seul ailleurs "

 

Howie: "Sur la fin de sa vie, il a eu des problèmes de santé; et puis il y avait la solitude- autre problème non moins grave. On se téléphonait chaque fois qu'on pouvait, même si, vers la fin, il s'est coupé de moi pour des raisons qui m'échappent un peu. Dés le lycée, il a éprouvé un désir irrésistible de peindre, et quand il a pris sa retraite, après une brillante carrière dans la publicité où il a été directeur artistique puis directeur de la création, après avoir passé sa vie dans ce métier, il a peint pratiquement chaque jour qui lui restait à vivre...Il est parti trop tôt."

 

 

L'homme n'est jamais nommé. Pour Howie, il fut un bon petit frère; pour ses parents, un bon fils...il s'était marié, avait eu des enfants, et était entré dans la publicité pour avoir des revenus stables. Il ne s'était jamais considéré que comme un homme ordinaire, qui aurait donné n'importe quoi pour que son couple tienne toute sa vie. C'était d'ailleurs dans cet espoir qu'il s'était marié. Seulement, le mariage était devenu une prison, de sorte qu'après s'être beaucoup torturé l'esprit pendant ses heures de travail et ses heures d'insomnie, il avait commencé, par à-coups et dans la douleur, à creuser le tunnel de la liberté. N'était ce pas ce qu'aurait fait tout individu ordinaire? N'est-ce pas ce que font tous les jours les hommes ordinaires? Contrairement à ce que sa femme racontait à qui voulait l'entendre, il n'atit pas mû par l'appetit libertin d'assouvir tous ses caprices, loin de là. Il désirait profondément une relation stable, tout en détestant celle où il était pris. Il n'était pas homme à vouloir une double vie...Il n'avait guère la prétention d'être exceptionnel; il était seulement vulnérable, facile à désarçonner; il ne savait plus où il en était.... 

 

L'homme avait vainement recherché l'affection de ses fils. Randy et Lonny étaient la source même de son sentiment de culpabilité, mais il ne pouvait passer sa vie à s'expliquer sur sa conduite. Il avait essayé maintes fois, du temps qu'ils étaient jeunes gens, mais ils avaient alors la rancune trop juvénile pour comprendre....comprendre quoi, d'ailleurs? Cette jubilation avec laquelle ils le mettaient au banc des accusés, aujourd'hui encore, ça le dépassait...de la tristesse, il en avait à revendre et du remords, aussi...

 

L'homme finit sa vie entre la maladie, la peinture , ses petits moments de bonheur avec sa fille...et finalement bien seul.  C'est écrit avec finesse et  beaucoup de lucidité. Une vie d'homme somme toute ordinaire,  plutôt gâtée mais qui ,sur le plan sentimental,  n'y est pas arrivé. Finalement, l'idée de mort fut toujours présente dans sa vie, peur de vieillir, de s'enterrer avant l'heure,  besoin de réveiller la jeunesse qui est encore en lui, de s'accrocher à elle... 

...mais l'homme ne peut pas constamment tout choisir...la faucheuse est la même pour tous.

Triste constat.

"Un homme", comme "Le rabaissement" parle donc de vieillesse et de mort...

Le livre n'a rien d'optimiste mais il est objectif. Il n'en finit pas de nous interpeler. 

Voilà pourquoi je vais poursuivre mes lectures dans l'oeuvre de Philip Roth.

J'aime beaucoup.

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