"Jusqu'à ce que mort s'ensuive" de Roger Martin
"Nous étions traités comme de la merde et les Boches comme des invités de marque."
Editions"Le cherche midi", 2008, 363pages
Quatrième de couverture
Sur fond de ségrégation raciale dans l'armée américaine durant la Seconde Guerre mondiale, un roman palpitant, entre rebondissements, faits authentiques ignorés et révélations surprenantes.
Brillant étudiant issu de la bourgeoisie noire d'Atlanta, Douglas Bradley a posé sa candidature à la prestigieuse académie militaire de Colorado Springs. Lorsqu'elle est rejetée par les autorités militaires, c'est la consternation. Grâce à un de ses anciens professeurs, le jeune homme parvient à apprendre les raisons de l'armée : en août 1944, accusé de viol et d'agression, son grand-père, Robert Bradley, a été pendu en France dans un petit village de Normandie. Indigné par l'attitude de son père, qui lui a caché la vérité, Douglas découvre l'existence d'une grand-mère, d'une tante et d'une cousine. Il se lance dans une recherche difficile, retrouve cette famille dont il ignore tout. Sa tante lui fait part de sa conviction profonde de l'innocence de Robert Bradley et lui confie des documents le concernant.
Bouleversé, le jeune homme décide de partir pour la France. Auparavant, il a rencontré l'aumônier qui a assisté son grand-père dans ses derniers moments et un ancien du Pittsburgh Courier, le fleuron de la presse noire des années 1940. Leurs confidences renforcent sa propre croyance en l'innocence de son grand-père. En Normandie, il ira de rencontre en rencontre, de découverte en découverte. Des compagnons de son grand-père abattus dans d'étranges circonstances, des soldats de son unité qui ont déserté et dont toute trace a été perdue, un cimetière clandestin où reposent 96 soldats américains condamnés à la peine capitale, tout semble indiquer que Douglas Bradley a involontairement exhumé un squelette bien caché au fond d'un placard. Surveillé puis traqué par des agents de la Defense Intelligence Agency, les services secrets de l'armée, son enquête le conduira au coeur des Ardennes belges où se trouve, peut-être, la clef de l'énigme en la personne du mystérieux survivant du petit noyau des amis de son grand-père. C'est là, entre traques, poursuites et filatures, que Douglas Bradley apprendra l'incroyable vérité.
Mon avis
Roman policier, roman d'aventures, roman d'apprentissage, roman historique...c'est un peu tout ça en même temps. La quatrième de couverture est très explicite, Roger Martin nous entraîne dans les recherches effectuées par un jeune homme d'à peine vingt-deux ans qui, jusque là, a vécu une enfance dorée, sur-protégée où le racisme n'est même pas ressenti, il a un avenir tout tracé, grâce à un père qui a occulté totalement un pan de l'Histoire américaine...occulté sa propre histoire et celle de ses ancêtres...et bien sûr, Douglas-le fils va devoir faire le chemin que William-le père n'a pas fait, pour mieux s'intégrer...? pour oublier...? par lâcheté...? par honte de ce qu'il croit être vrai?... parce que, tout simplement ,William grandit juste après la guerre et subit les affronts de la ségrégation...qui pourrait , à cette époque, rétablir la vérité?...et Steve Mailer le savait bien, endossant une fausse identité et restant loin de son propre pays pendant soixante ans...
"La fin de la seconde guerre mondiale n'avait pas mis fin à la ségrégation. Dans l'armée, il avait fallu attendre la guerre de Corée pour qu'elle fût abolie? ça n'avait pas résolu tous les problèmes et surtout pas celui du racisme dans les bases militaires. Dans le Sud, on assassinerait encore hardiment vingt ans plus tard et les Noirs mettraient deux ou trois decennies supplémentaires pour obtenir enfin leurs droits civiques...Trop de gens vivaient encore avec la peur au ventre. Peur des représailles une fois revenus dans le Sud, peur pour leurs familles, PEUR DE NE PAS ÊTRE CRUS....Qui aurait prêté foi aux affirmations d'un soldat coupable d'usurpation d'identité et de désertion face à l'ennemi? Le temps avait passé, l'armée était paradoxalement devenue la moins raciste des institutions américaines. Elle avait intégré à tour de bras jusqu'à placer un Colin Powell à sa tête. Mais ça n'avait pas rendu les choses plus faciles. Douglas pouvait-il imaginer que les Noirs eux mêmes eussent envie de remuer cette boue? D'ailleurs , de multiples affaires témoignaient de la lenteur avec laquelle les choses évoluaient..."
...encore aujourd'hui, Roger Martin souligne qu'une commission d'enquête ,chargée d'élucider ces faits, se fait attendre...
...sujet , donc, très intéressant, enquête bien menée, quelques longueurs cependant, l'ensemble reste très agréable...on a envie de prendre la relève de Douglas et faire nos propres recherches...
Je mets ici l'un des sujets de discordances entre Douglas et William...tout les oppose... et bien sûr, la politique et les chanteurs engagés...
" Bring them home" de Pete Seeger...chanson séditieuse, aux yeux de William!
"Je ne savais pas que tu aimais le gospel. Enfin, si cette version peut mériter pareille appellation.", déclare William
Le commentaire d'Antigone link