"Une journée ordinaire" au Théâtre des Bouffes Parisiens

Publié le par Du soleil sur la page

Un trés beau moment de théâtre auquel je ne m'attendais pas.

 

 

 

Comédie d'Eric Assous, mise en scène par Jean-Luc Moreau.

 

 Du 21 janvier au 12 mars 2011 aux Bouffes Parisiens

 

Ils étaient tous là, à la Première de cette rencontre père-fille sur scène. L'auteur, le metteur en scène, des gens du spectacle...

 

Une pièce de théâtre demandée par un père  pour sa fille, à Eric Assous, auteur de près de 80 pièces dont "Une hirondelle a fait le printemps" .Je n'avais jamais eu l'occasion de voir Alain Delon au théâtre. Je le voyais tout simplement tel qu'il apparaissait derrière l'écran, grand ou petit, un trés bel homme, au sourire triomphant, viril, félin, parfois bourru , blessé. Je n'avais jamais vu sa fille. Qu'allais-je découvrir? 

 

La salle plonge dans le noir complet. Silence. 

 

Le rideau se lève, une jeune  fille est allongée sur le canapé du salon, pianotant sur son téléphone portable comme toute jeune fille d'aujourd'hui. Un homme de dos , le père,  bat la mesure sur Mozart.  Que pense-t-elle de cette musique, hein? Il a les yeux rieurs et la chemise un peu trop serrée par un embonpoint naissant , à 75 ans! La jeune fille n'a que des mots creux pour expliquer ce qu'elle ressent, au grand désarroi de son père. Cette musique ne la fait pas vibrer. Décalage genérationnel oblige. Elle l'invite à écouter ce qui résonne vraiment en elle...un "truc" qui fait beaucoup de bruit...qui parle de rébellion...quelle rébellion? rébellion contre la société pardi!...en voilà une belle affaire!!! C'est sans aucun doute la chose la plus originale du monde !!!

 

Père et fille jouent vrai.

Pour eux comme pour nous, ces échanges sont du vécu ..Alain -Anouchka deviennent Julien-Julie. .Ils sont sur scène comme dans la vie- père et fille- et nous allons passer prés de deux heures à les voir évoluer dans une situation qui va, allant crescendo, vers le moment où un père-veuf de surcroît- doit accepter de voir partir sa fille unique dans les bras d'un autre homme.

 

La fin est trés émouvante...et c'est là que je découvre Delon au théâtre- passage trés difficile pour de nombreux artistes de cinéma car là, il n'y a pas de deuxième essai. Les émotions doivent être immédiates...et j'ai tout simplement adoré ce Delon-là, trés humain, en père maladroit, déstabilisé par son enfant de 20 ans qui n'en est plus une, plus tout à fait, qu'il a refusé de voir grandir. Il se met en colère en sachant que ce qui va arriver est inévitable.

 

On passe du rire ( qui masque parfois la tirade suivante) aux larmes . L'émotion est palpable...mais c'est surtout la dernière scène...un Delon vulnérable qui devient trés proche de nous. C'est troublant.

Les yeux sont humides. Delon pleure le départ de son enfant chérie. Ce sont de vraies larmes. Silence total dans la salle. Le rideau s'abaisse. Les acclamations fusent.

On sort de cette scène comme engourdi, le coeur serré. Cette situation, chacun de nous la vit un jour ou l'autre.

 

Mais la pièce est avant tout comique....comédie moderne, est-il écrit. Delon qui fait rire, c'est inhabituel et c'est trés agréable.

 

Lorsque le rideau se relève. Anouchka Delon, Elisa Servier et Christophe de Choisy reviennent sur scène. Alain Delon arrive en dernier, les yeux rouges, encore sous le coup de l'émotion...une émotion non feinte pour une première réussie...pour lui mais surtout pour sa fille qu'on devine adorée. C'est un homme vieillissant, encore plein de charme qui passe le relai à "la prunelle de ses yeux". Passage réussi. Anouchka se montre étonnament à l'aise, autant avec son propre père qu'avec les deux autres acteurs tout aussi brillants. Sa diction est parfaite et elle ne surfait pas ses déplacements...elle évolue comme toute jeune fille de son âge.

 

Elisa Servier a un  rôle trop court pour son talent-il faudra que je trouve son parcours. Elle joue  la "petite amie" du père. Elle y est extraordinaire en amante négligée par un homme qui ne se remet toujours pas de la mort de son épouse, douze ans auparavant et qui a reporté toute son affection sur sa fille. Elle n'a que deux scènes mais quelles tirades!

 

Christophe de Choisy est presque plus vrai que nature en fiancé timide- voire angoissé- qui vient "voler" la jeune fille. Il en est attachant et trés drôle!

 

Pour résumer: une pièce de théâtre A NE MANQUER SOUS AUCUN PRETEXTE !!!

 

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Je ne regrette qu'une chose après cette soirée peu ordinaire, c'est de n'avoir jamais vu Delon avant au théâtre.

 

 

 

Publié dans Théâtre - Spectacles

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