"Mangez-le si vous voulez" de Jean Teulé
Editions Julliard, 2009, 127 pages
Quatrième de couverture
Nul n est à l abri de l abominable.
Nous sommes tous capables du pire !
Le mardi 16 août 1870, Alain de Monéys, jeune périgourdin, sort du domicile de ses parents pour se rendre à la foire de Hautefaye, le village voisin. C est un jeune homme plaisant, aimable et intelligent. Il compte acheter une génisse pour une voisine indigente et trouver un couvreur pour réparer le toit de la grange d un voisin sans ressources. Il veut également profiter de l occasion pour promouvoir son projet d assainissement des marais de la région.
Il arrive à quatorze heures à l entrée de la foire. Deux heures plus tard, la foule devenue folle l aura lynché, torturé, brûlé vif et même mangé. Comment une telle horreur est-elle possible ? Comment une population paisible (certes angoissée par la guerre contre l Allemagne et sous la menace d une sécheresse exceptionnelle) peut-elle être saisie en quelques minutes par une telle frénésie barbare ?
Cette histoire n'a pas été sans me rappeller le livre de Jacques Chessex "Un juif pour exemple"... La mise à mort d'un honnête homme par des monsieur et madame tout-le-monde que rien ne devait amener à agir ainsi. Seuls, la guerre, le sentiment d'impuissance, de revanche poussent ces gens à déraper.
Aucun des accusés ne comprendra ce qui leur est arrivé. Pourquoi s'en sont-ils pris à ce jeune homme aimé de tous, d'une bonté presque poussée à l'extrême et qui jusqu'au bout suppliera sans se fâcher, ne comprenant pas trop ce qui lui arrive aussi et pensant que cette méprise finira par un dénouement favorable...non, il n'y aura pas de dénouement favorable. Sur un quiproquo, il sera lynché et sur une phrase anodine du maire, mangé...effrayant!
Le 21 décembre 1870, une foule envahit le Palais de justice de Périgueux pour le procès des 21 accusés qui comptent dans leurs rangs des vieillards et des enfants. 4 accusés dont condamnés à mort, 9 aux travaux forcés en Nouvelle Calédonie, 5 à un an de prison et les 2 plus jeunes acquittés. 3 des condamnés à mort n'habitaient pas la commune de Hautefaye. A 8 heures et demie, le 6 février 1871, le couperet fait tomber les 4 têtes sur la petite place de Hautefaye.
...le plus jeune des accusés n'a que 5 ans. Il est celui qui a mis le feu au bûcher...comment une mère peut demander une telle chose à son enfant!?
Malgré l'horreur, je n'ai pas pu quitter le petit livre de Jean Teulé qui a le mérite de relancer l'Histoire . Je me suis couchée bien tard et sans regret ! Vous comprendrez qu'il me fallait connaître le déroulement . Chaque chapître commence donc par un plan du village. Il indique le chemin de croix de la victime en 13 étapes.... Ni le curé, ni les amis d'Alain de Moneys n'arriveront à stopper cette folie meurtrière....en refermant le livre, une seule constation s'impose: l'homme est bien inquiétant et il est révoltant d'entendre pour seule explication "Je ne sais pas ce qui m'a pris."
Depuis, j'ai fait quelques recherches sur ce cas méconnu. D'autres livres sont donc parus qui relatent les faits, vous les trouverez ICI
...et je vous laisse écouter Jean Teulé vous raconter sa propre version:
Ah l'humour de Teulé! Mais non, on ne le mangera pas!
7/67