"Coeur ouvert" d'Elie Wiesel
Editions Flammarion, 88 pages, 2011
Je crois en l'homme malgré les hommes. Je crois dans le langage bien qu'il ait été meurtri, déformé et perverti par les ennemis de l'humanité. Et je continue à m'accrocher aux mots parce qu'il nous appartient de les transformer en instruments de compréhension plutôt que de mépris. A nous de choisir si nous souhaitons nous servir d'eux afin de maudire ou de guérir, pour blesser ou consoler.(p.86)
E.W.
Il y a des années comme cela.
Des années maudites où tout déraille.
Des années où la maladie se montre plus inquiétante.
2011 aura été "annus horibilis" pour Elie Wiesel , âgé de quatre-vingt-deux ans. Le 16 juin, il doit faire face au verdict "C'est le coeur. Pas l'estomac!"
Des mots terrifiants, porteurs et annonciateurs de craintes, de souffrances. Peut-être de pire.
Sa femme, Marion, son fils bien aimé Elisha sont immédiatement à ses côtés. Il va devoir subir une opération à coeur ouvert. Angoissé , au seuil de l'au-delà, il revient sur son enfance, ses parents, la nuit des camps d'extermination où il a vu disparaître sa mère et sa petite soeur puis son père , sur ses petits-enfants, sur ses premiers ouvrages de fiction et ceux sur lesquels il doit encore travailler...pourra-t-il le faire?
Bien sûr, il y a aussi ses réflexions sur la foi, sur le Mal et Dieu, sur la haine toujours présente entre les hommes comme si ce qu'il avait connu, n'avait pas suffi...
Ce petit livre , lu le temps d'un petit déjeuner, m'a permis de retrouver l'homme rencontré avec "La nuit", un homme qui n'a pas fini de témoigner et d'aimer, de donner et de recevoir.
Un jour, au début de la convalescence, le petit Elijah, cinq ans, vient me rendre visite. Je l'embrasse en lui disant: "Chaque fois que je te vois, je reçois la vie en cadeau." Il m'observe longuement, d'un air sérieux, et répond: "Grandpa, tu sais que je t'aime; et moi je sais combien tu as mal. Dis-moi: "si je t'aimais plus, aurais-tu moins mal?"
A ce moment-là, j'en suis convaincu, Dieu contemple Sa création en souriant.
Belle écriture d'un humaniste, Prix Nobel de la Paix.