Amélie Nothomb et le Japon (1)...

Publié le par Du soleil sur la page

Il y a un an , je roulais sur les routes du Japon...avec, en tête, les livres d'Amélie Nothomb...Voilà quelqu'un qui, en dehors de ce que la presse peut projeter -et elle aussi , il ne faut se leurrer !- m'amuse.
Ses livres sur ce pays sont probablement ceux que je préfère parce qu'elle en parle avec ses tripes et son coeur...
J'en ai lu trois ...



Grand Prix du roman de l'Académie Française en 1999.

Dans l'ancien protocole impérial nippon, il est stipulé que l'on s'adressera à l'Empereur avec "stupeur et tremblements". J'ai toujours adoré cette formule qui correspond si bien au jeu des acteurs dans les films de samouraïs, quand ils s'adressent à leur chef, la voix traumatisée par un respect surhumain.
Je pris donc le masque de la stupeur et je commençai à trembler. Je plongeai un regard plein d'effroi danscelui de la jeune femme et je bégayai:
-Croyez-vous que l'on voudra de moi au ramassage des ordures?
-Oui! dit-elle avec un peu trop d'enthousiasme.
Elle respira un grand coup. J'avais réussi.



A la fin de ses études universitaires, Amélie Nothomb retourne au Japon , le pays de son enfance, le pays qu'elle chérit au point d'en cultiver la langue et de devenir interprète.
Seulement, la rigueur de l'autorité d'entreprise nippone dans laquelle elle est acceptée ne va pas correspondre à ses espérances et elle va essuyer vexations sur vexations, une véritable descente dans l'humiliation...jusqu'à devenir "dame pipi"...
Tout ça est décrit avec beaucoup d'humour, un brin de folie...un vrai régal!

Les systèmes les plus autoritaires suscitent dans les nations où ils sont d'application, les cas les plus hallucinants de déviance- et, par ce fait même, une relative tolérance à l'égard des bizarreries humaines les plus sidérantes.On ne sait pas ce qu'est un excentrique si l'on n'a pas rencontré un excentrique nippon. J'avais dormi sous les ordures? On en avait vu d'autres. Le Japon est un pays qui sait ce que "craquer" veut dire.

Sur son statut de responsable des toilettes...

Il était rarissime que je parle, à ce poste qui était désormais le mien....
En effet, si une nettoyeuse de chiottes bavarde, on a tendance à penser qu'elle est à l'aise dans son travail, qu'elle y est à sa place et que cet emploi l'épanouit au point de lui inspirer le désir de gazouiller.
En revanche, si elle se tait, c'est qu'elle vit son travail comme une mortification monacale. Effacée dans son mutisme, elle accomplit sa mission expiatoire en rémission des péchés de l'humanité. Bernanos parle de l'accablante banalité du Mal; la nettoyeuse de chiottes, elle, connait l'accablante banalité de la déjection, toujours la même derrière de répugnantes disparités.
Son silence dit sa consternation. Elle est la carmélite des commodités.
Je me taisais donc et pensais d'autant plus....

Pendant cette douloureuse expérience , elle reste très zen...c'est au cours de cette année là qu'elle écrit son premier roman "L'hygiène de l'assassin" , en 1992.


Stupeur et tremblements a été porté à l'écran pas Alain Corneau, l'année suivante...avec Sylvie Testud!

http://www.allocine.fr/film/fichefilm.html?cfilm=46397
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A
Amusant!On dirait qu'il y a deux courants...
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P
Pour ma part c'est un de ceux que j'ai le moins aimé de l'auteur. Je les ai presque tous lus mais celui-ci n'est pas de la même veine. En fait, les romans que j'ai le moins aimés sont ses romans autobiographiques.
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M
c'est aussi le premier livre que j'ai lu d'elle....ça marque..lol!!..
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L
Je crois que c'est le premier livre que j'ai lu d'elle, et effectivement il était très surprenant...
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